Pompée construisit un mur entourant les zones détenues par le parti d'Aristobule et érigea deux camps à l'intérieur du mur, un au nord du temple et un autre au sud-est du temple. Ses troupes comblèrent ensuite le fossé au nord du temple, érigèrent des tours de siège, construisirent deux remparts et élevèrent de puissantes armes romaines, y compris des engins de siège et des béliers de Tyr. Après trois mois d'attaque des murs entourant le Temple, les troupes de Pompée entrèrent dans l'enceinte du Temple un jour de sabbat alors que les Juifs n’étaient pas en mode de combat. 12.000 Juifs, y compris des prêtres, furent massacrés alors que seules quelques troupes romaines perdirent la vie. Pompée entra dans le Saint des Saints du Temple, accessible uniquement au Souverain Sacrificateur, le souillant ainsi. Mais, impressionné par la sainteté du lieu, il ne prit rien, pas même les trésors.
Pompée ramena Aristobule comme prisonnier à Rome et rétablit Hyrcan en tant que Grand Prêtre. Hyrcan II, cependant, perdit son titre royal et ne fut reconnu comme ethnarque qu'en 47 av. J.-C. En conséquence, le peuple juif perdit son indépendance pour les millénaires à venir. La Judée devint un royaume client dépendant de l'administration romaine en Syrie, obligé de payer tribut à Rome. Les Juifs perdirent également du territoire : ils furent contraints d'abandonner les terres côtières, les privant de l'accès à la Méditerranée ; plusieurs villes helléniques (formant la Décapole), auparavant contrôlées par le royaume de Judée, obtinrent l'autonomie et furent incorporées dans la nouvelle province de Syrie.
James Tissot (1836–1902) Public domain |
En 40 av. J.-C., Antigone II Mattathias, fils d'Aristobule, s'allia aux Parthes qui avaient envahi la Syrie. Les Parthes voulaient un souverain opposé à Rome en Judée et mirent 500 guerriers à la disposition d'Antigone. En 40 av. J.-C., Antigone, qui représentait la résistance juive contre la domination romaine, fut proclamé roi de Judée et grand prêtre. Il coupa les oreilles d'Hyrcan, ce qui le rendit inapte à la prêtrise, et Hyrcan fut emmené à Babylone comme captif par les Parthes, où la communauté juive le respectait grandement.
Les Romains, ne voulant pas perdre la Judée, aidèrent Hérode le Grand à renverser Antigone en 37 av. J.-C. Le roi Hérode, craignant qu'Hyrcan ne veuille regagner le trône avec l'aide des Parthes, invita le Grand Prêtre à retourner à Jérusalem et lui donna la première place à sa table et à la présidence du conseil d'État. Cependant, le roi accusa plus tard Hyrcan de comploter avec les Nabatéens et le mit à mort en 30 av. J.-C.
Le soi-disant « roi des Juifs » est connu dans l'histoire comme un roi brutal. Le roi Hérode exécuta tous les membres de la famille de la dynastie hasmonéenne, y compris sa femme et tous les membres de sa famille. Il nomma des grands prêtres non liés à la dynastie passée et seulement fidèles à lui. Parmi les points positifs, il lança de nombreux grands projets de construction et employa de nombreux travailleurs. Cependant, lorsque les projets de construction prirent fin, la pauvreté s’ensuivit, conduisant à des émeutes et à une augmentation de la criminalité. À la mort d'Hérode en 4 av. J.-C., la criminalité en Judée était hors de contrôle et les émeutes monnaie courante.
Vasily Vereshchagin (1842–1904) Public domain |
Dans son enfance, Jésus connut un monde violent où les flagellations et crucifixions étaient monnaie courante. À l'époque, la pauvreté et le désespoir étaient la norme plutôt que l'exception. Les gens avaient besoin d'espoir, et divers prédicateurs et prophètes parcouraient la campagne, attirant des foules énormes. La population autour de lui et même les Juifs étaient profondément divisés en diverses factions, souvent hostiles les unes aux autres. À l'âge de 30 ans, Jésus rejoignit l'une de ces factions et fut baptisé par Jean-Baptiste dans le Jourdain juste avant de commencer son ministère public. Comme beaucoup d'autres prédicateurs, il parcourut la Judée, portant son message d'espoir dans les foyers et les synagogues des plus pauvres. Son message portait sur l'avènement d'un royaume plus grand que Rome dans lequel les pauvres trouveraient la rédemption. C'était un message complètement nouveau qui excitait son public dans un monde frappé par la pauvreté.
En tant que prédicateur, Jésus montra une profonde préoccupation pour les pauvres, qui peut être aperçue dans tout le Nouveau Testament. Bien que son message se soit avéré populaire, l'affirmation de ses disciples selon laquelle il était le fils de Dieu offensa de nombreuses personnes. Ses idées étaient révolutionnaires pour l'époque et menaçaient l'ordre social dominant. Vers 33 apr. J.-C. (encore une fois, cette date est loin d'être certaine), Jésus se rendit à Jérusalem pour la cérémonie juive de la Pâque. Des milliers de pèlerins du monde entier se rendirent aux changeurs de monnaie pour échanger leur argent étranger pour acheter des animaux à sacrifier. Jésus, horrifié par un tel commerce ayant lieu dans ce lieu saint, détruisit les étals des changeurs d'argent : « Faisant un fouet de cordes, il les chassa tous du temple, les brebis et le bétail. Il renversa aussi les tables des changeurs de monnaie. » (Jean 2:15). Ceci enraga les chefs religieux juifs même si Jésus avait toujours gardé une attitude conciliante envers les Romains (« Rendez à César ce qui est à César; et à Dieu ce qui est à Dieu. » Matthieu 22:21). Les chefs religieux juifs se plaignirent auprès du préfet romain de Judée de l'époque, Ponce Pilate, qui fut crucifier Jésus pour trahison.
L'exécution de Jésus ne fit pas disparaître son mouvement. Loin de là, son exécution fit de Jésus un martyr et un prophète et rendit la Judée encore plus instable. Pontius Pilate avait inconsciemment lancé une toute nouvelle religion qui, avec le temps, se répandit à travers Rome et, finalement, dans le monde.
Après 37 apr. J.-C., l'empereur Caligula dut faire face à encore plus de problèmes dans la région. Il est difficile de déterminer la cause exacte de l'instabilité, probablement dûe à de multiples facteurs, notamment la propagation de la culture grecque, l'imposition du droit romain, les droits des Juifs et... Caligula lui-même. Caligula ne faisait pas confiance à Aulus Avilius Flaccus1, le préfet d'Egypte, fidèle à son grand-oncle Tibère. Flaccus avait également conspiré contre sa mère et avait des liens avec des séparatistes égyptiens. En 38 apr. J.-C., il envoya Hérode Agrippa Ier à Alexandrie, en Égypte, à l'improviste, pour vérifier l'état de Flaccus. Les Grecs d'Égypte, qui considéraient Aggrippa comme le roi des Juifs, se moquèrent de la visite. Flaccus tenta d'apaiser à la fois les Grecs et Caligula en plaçant des statues de l'empereur à divers endroits, y compris dans les synagogues. Cela entraîna des émeutes religieuses à grande échelle dans toute la ville. Caligula répondit aux émeutes en enlevant Flaccus et en l'exécutant. En 40 apr. J.-C., de nouvelles émeutes éclatèrent à Alexandrie entre Grecs et Juifs accusés de ne pas honorer l'empereur. Des émeutes éclatèrent également en Judée, dans la ville de Jamnia (aujourd'hui Yavne), où les Juifs furent irrités par l'érection d'un autel d'argile qu'ils détruisirent ensuite. Caligula répondit aux émeutes en ordonnant l'érection d'une statue de lui-même dans le temple juif de Jérusalem. Le gouverneur de Syrie de l'époque, Publius Petronius, reconnaissant l'imprudence d'un tel ordre, retarda sa mise en œuvre de près d'un an jusqu'à ce que le roi Aggrippa convainc Caligula d'annuler l'ordre.
En 46 apr. J.-C., un violent soulèvement des Juifs éclata en Judée, lancé par les deux frères Jacob et Simon (« le soulèvement de Jacob et Simon »), qui dura deux ans. Le soulèvement, concentré en Galilée, culmina en 48 apr. J.-C.. Il fut finalement réprimé par Tibère Alexandre, le procureur de la province de Judée de 46 à 48 apr. J.-C., qui fit exécuter les deux frères.
Alors que la rébellion devint totalement incontrôlable, Cestius Gallus, le légat de Syrie, envoya la légendaire Légion XII Fulminata (traduite par la « Douzième Légion Coup de Tonnere», la légion qui accompagna Jules César pendant la guerre des Gaules) renforcée par des troupes auxiliaires pour rétablir l'ordre et réprimer la révolte. La légion fit d'abord quelques avancées (conquête de Narbata, Sepphoris, Jaffa, Lydda et Afek) et s'approcha de Jérusalem mais fut prise en embuscade à la bataille de Beth Horon. Au col de Beth Horon, les Romains subirent des tirs de missiles de masse et, incapables de se mettre en formation dans les limites étroites du col, ils perdirent la cohésion. En conséquence, 6 000 soldats romains furent massacrés. Certains réussirent à s'enfuir dans le désarroi, dont Gallus, qui a laissé derrière lui l'aquila et de nombreuses armes romaines et équipements militaires . La défaite de Beth Horon fut une catastrophe totale et choqua les dirigeants romains. Les historiens la considèrent comme l'une des pires défaites militaires contre une province rebelle dans l'histoire de l'Empire romain.
showing Menorah and trumpets of Jericho CC BY 3.0 |
L'empereur Néron envoya le général Vespasien pour écraser la révolte juive.3 Vespasien débarqua à Ptolémaïs, une ancienne ville portuaire sur la côte phénicienne (également appelé Ptolémaïs en Phénicie), en avril 67 apr. J.-C, avec les légions X Fretensis et V Macedonica. Son fils Titus dirigeant la Legio XV Apollinaris, et accompagné par les armées de plusieurs alliés de la région, dont l'armée du roi Agrippa II, le rejoignit. Au total, Vespasien rassembla plus de 60 000 soldats ! Vespasien dirigea ses troupes vers la Galilée où les rebelles judéens étaient divisés en deux camps. Les forces de Josephus étaient fidèles au gouvernement central de Jérusalem, représentant les classes riches et sacerdotales, et les milices zélotes composées d'agriculteurs, de pêcheurs pauvres et de réfugiés de la Syrie romaine. De nombreuses villes liées à l'élite juive abandonnèrent sans combattre (par exemple, Tibériade, Sepphoris) tandis que les villes des forces zélotes furent prises de force. Gischala (appelé Jish aujourd'hui) était le bastion des Zélotes et la dernière ville de Galilée à tomber aux mains des Romains. L'armée romaine assiégea la ville, la prenant de force alors que les Zélotes l'abandonnèrent au milieu du siège, se dirigeant vers Jérusalem avec le gros de leurs forces. En l'an 68 apr. J.C., Vespasien réussit à écraser toute résistance juive dans le nord et il fit de Caesarea Maritima son quartier général. Il continua ensuite en annihilant toute opposition sur le littoral, évitant ainsi un conflit direct avec les rebelles de Jérusalem. La conquête de la Galilée par l'armée romaine conduisit à 100 000 juifs tués ou vendus comme esclaves.
Vespasien resta à Caesarea Maritima jusqu'au printemps 68 apr. J.-C. où il se prépara pour sa prochaine campagne dans les hautes terres de Judée et de Samarie. Les Juifs chassés de Galilée reconstruisirent Joppé (appelée Jaffa aujourd'hui) précédemment détruite par Cestius Gallus, y compris les murs de la ville, et utilisèrent une flottille navale pour perturber le commerce au large des côtes de la Syrie, de la Phénicie et de l'Égypte. À Jérusalem, une guerre civile brutale éclata entre les milices zélotes dirigées par Jean de Gischala et Eleazar ben Simon, les Sicarii, et les forces fidèles au gouvernement provisoire de Judée. Les Zélotes prirent le contrôle d'une grande partie de la ville fortifiée et, avec les Sicarii, ils exécutèrent tous ceux qui prônaient la reddition. Jean de Gischala répandit alors la fausse rumeur selon laquelle Ananus ben Ananus avait contacté Vespasien pour qu'il l'aide à reprendre le contrôle de Jérusalem, incitant les Iduméens à venir à Jérusalem avec une armée de 20 000 hommes armés. Avec les Zélotes, ils exécutèrent les chefs du gouvernement provisoire de Judée, dont Ananus ben Ananus et Joseph ben Gourion, et massacrèrent un nombre important de civils lors du tristement célèbre siège du temple des Zélotes. Lorsqu'il reçut la nouvelle du massacre qui avait lieu à Jérusalem, Simon bar Giora quitta Massada et commença à piller Idumea avec ses troupes fidèles. Il a ensuite établi son quartier général à Na'an et s'associa aux dirigeants iduméens, dont Jacob ben Susa.
Au printemps de 68 apr. J.-C., Vespasien s'en pris aux bastions rebelles de Judée et repris plusieurs villes, dont Joppé. Il continua ensuite dans l'Idumée, la Pérée et les hautes terres de Judée et de Samarie où les factions de Simon bar Giora inquiétaient les Romains. En juillet 69 apr. J.-C., il avait repris le contrôle de villes importantes, dont Gophna, Ephraim, Bet-El et Hébron. Pendant ce temps, à Rome, l'empereur Néron, qui persécutait les chrétiens et les avait même blâmé pour le grand incendie de Rome en 64 apr. J.-C., avait un comportement de plus en plus erratique. La conduite de Néron conduisit le Sénat romain, la Garde prétorienne et plusieurs commandants éminents de l'armée à conspirer pour son renvoi. En 68 apr. J.-C., le Sénat déclara Néron comme ennemi du peuple, et Néron fuit Rome pour se suicider. Une brève guerre civile suivit la mort de Néron en 68 apr. J.-C. pendant l'année des quatre empereurs. L'année entre 68 et 69 apr. J.-C. a vu quatre empereurs : Galba, puis Othon, puis Vitellius, et enfin Vespasien. Vespasien, non impliqué dans la guerre civile, fut salué empereur par les légions sous son commandement. Alors qu'il gagnait un large soutien, il décida de retourner à Rome pour réclamer le trône, laissant son fils Titus terminer la guerre en Judée.
En dehors des portes de Jérusalem, l'armée de Titus commença le siège de la capitale judéenne hautement fortifiée. Comme les premières tentatives pour percer les murs de la ville se avérèrent infructueuses, Titus établit un camp permanent à l'extérieur de la ville. Ses troupes creusèrent une tranchée autour des murs de la ville et construisirent un mur aussi haut que les murs de la ville eux-mêmes. Toute personne prise dans la tranchée tentant de s'enfuir fut capturée et crucifiée face à la ville au sommet du mur de terre, avec jusqu'à 500 crucifixions chaque jour.
Lorsque les Romains ont commencèrent à construire des remparts pour le siège, les deux chefs zélotes opposés, Jean de Gischala et Simon Bar Giora, unirent leurs forces pour défendre la ville. Les Zélotes brûlèrent un stock de nourriture sèche pour inciter les défenseurs de la ville à lutter contre le siège. En conséquence, de nombreux citadins et soldats juifs moururent de faim. Il n'y avait pas moins de 600 000 assiégés à Jérusalem selon Tacite (il y en avait environ 1 million selon Josephus). Tous ceux qui pouvaient choisir de combattre le firent, hommes et femmes, préférant la mort à une vie d'esclavage loin de chez eux.
En mai 70 apr. J.-C., les Romains attaquèrent le troisième mur qui avait été construit juste avant le siège et n'était donc pas aussi solide que les autres murs, et traversèrent le deuxième mur pour finalement pénétrer dans la ville de Jérusalem dans l'été 70 apr. J.-C. L'attaque romaine fut brutale. Les soldats romains massacrèrent la population et saccagèrent et brûlèrent presque toute la ville. Au cours des dernières étapes de l'attaque romaine, Jean de Gischala tenait le Second Temple tandis que Simon Bar Giora tenait la ville haute. À Ticha Be Av (4 août 70 apr. J.-C.), les légions romaines détruisirent le Second Temple.
Titus revint à Rome en 71 apr. J.-C. dans une glorieuse procession avec des trésors de Jérusalem et des esclaves juifs enchaînés. Lorsqu'on lui offrit le laurier de la victoire, Titus déclara: « Il n'y a aucun mérite à vaincre un peuple abandonné par son propre Dieu ». L'Arc de Titus représente des légionnaires romains transportant des trésors du Temple de Jérusalem, y compris la Menorah. Le Temple était sur le site de ce qui est aujourd'hui le Dôme du Rocher. Il n'en reste que le Mur des Lamentations, des pierres renversées, et des traces du feu encore visibles aujourd'hui.
Après la chute de Jérusalem, les survivants juifs furent réduits à l'esclavage. Jean de Gischala se rendit à la forteresse de Jotapata et fut condamné à la prison à vie. L'insurrection se poursuivit dans divers endroits isolés jusqu'en 73 apr. J.-C. et le nouveau gouverneur militaire, Lucilius Bassus, fut chargé de finaliser les opérations militaires en Judée. Avec l'aide de la légion X Fretensis, il s'empara de la forteresse de Machaerus au bord de la mer Morte, où s'étaient rassemblés les rebelles de Judée. Bassus tomba malade et fut remplacé par Lucius Flavius Silva qui, en 72 apr. J.-C., assiéga le dernier bastion de Judée, la forteresse de Massada, située au sommet d'un plateau rocheux isolé à l'extrémité orientale du désert de Judée. La forteresse de Massada fut l'une des plus difficiles à capturer et les camps militaires de Silva entourèrent la forteresse. Lorsque les troupes de Silva franchirent les murs de Massada en 73 apr. J.-C., ils constatèrent que 960 des 967 rebelles Sicarii s'étaient suicidés.
Avant le départ de Vespasien pour Rome, Yohanan ben Zakkai, un sage pharisaïque et rabbin, avait obtenu le consentement du général pour établir une école judaïque à Yavne. Zakkai avait été sorti clandestinement de Jérusalem dans un cercueil par ses étudiants. Plus tard, son école de Yavne est devenue un centre majeur d'étude talmudique et conduisit au développement du judaïsme rabbinique, c'est-à-dire la pratique du judaïsme sans le Temple et loin de la Terre Sainte, en diaspora.
Ces soulèvements sont connus sous le nom de guerre de Kitos, du nom du général romain Lusius Quietus, et durèrent de 115 à 117 apr. J.-C., car il fallut deux années entières aux légions romaines pour finalement les maîtriser. La réponse romaine aux soulèvements fut d'une brutalité et d'une barbarie extrêmes difficiles à décrire. Le nombre colossal de victimes réduisit considérablement les populations juives et gréco-romaines de la région et conduisit même au dépeuplement de la Cyrénaïque et de Chypre. Le problème du dépeuplement était si grave à la fin de la guerre de Kitos que les Romains allèrent dans ces régions pour éviter un dépeuplement complet.
Les principaux chefs de la rébellion furent Lukuas en Cyrénaïque et les frères Julian et Pappus. Les rebelles sous la direction des frères s'étaient rassemblés dans la ville de Lydda (aujourd'hui Lod). Le général Lusius Quietus, qui avait vaincu les rebelles juifs en Mésopotamie, assiègea Lydda. Ses légions prirent finalement le contrôle de la ville et les frères Julian et Pappus furent exécutés avec de nombreux Juifs rebelles. Il convient de noter que les "tués de Lydda" sont souvent mentionnés dans des paroles de louange révérencielle dans le Talmud.
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Pour aggraver encore plus les choses, Hadrien mis en place un certain nombre de sanctions contre le peuple juif. Les sanctions, le changement de nom de la ville de Jérusalem, la construction d'un temple dédié à un dieu romain sur le site de l'ancien temple hébreu, conduisit à l'éruption de la révolte de Bar Kokhba en 132 apr. J.C., dirigée par Simon Bar Kokhba. La révolte extrêmement violente se concentra sur la Judée et poussa l'armée romaine à son point de rupture.
Bar Kokhba réussit à vaincre les forces romaines et même à établir un État pendant plus de 2 ans, jusqu'en 134 apr. J.-C. L'empereur Hadrien rassembla une force romaine à grande échelle et amena des légions de tout l'Empire, y compris la Syrie, l'Égypte, l'Arabie et l'Europe, pour une force totale de plus de 100 000 soldats romains ! Il envahit la Judée en 134 apr. J.-C. sous le commandement du général Sextus Julius Severus. L'attaque romaine qui en résulta fut si brutale qu'elle est décrite par certains érudits comme un génocide contre les Juifs. Selon Cassius Dio, 580 000 Juifs furent tués, 985 villages et 50 villes fortifiées furent rasées. Beaucoup plus de Juifs moururent de famine et de maladie et un grand nombre furent vendus comme esclaves. À la fin de la troisième guerre judéo-romaine, seule une petite communauté juive de plusieurs milliers survécût en Galilée. D'autres communautés plus petites existaient dans d'autres parties de la Méditerranée, le long des bords de la Judée, au Golan, à Césarée et dans la vallée de Bet Shean. L'empereur Hadrien interdisit la foi juive dans tout l'empire romain. Il bannit le calendrier hébreu, la Torah et exécuta des savants hébreux. Pour effacer tout souvenir de la Judée ou de l'ancien Israël, il effaça le nom de la Judée de la carte et la renomma Syria Palaestina. Les Juifs, y compris les chrétiens juifs, furent bannis de Jérusalem, sauf pour la fréquentation de Tisha B'Av.
L'interdiction du judaïsme dura jusqu'à la mort d'Hadrien et fut levée en 138 apr. J.-C. Aelia Capitolina resta le nom officiel de Jérusalem jusqu'en 638 apr. J.-C., lorsque les Arabes conquirent la ville ont utilisèrent le nom islamique Iliyā' dérivé de Aelia. La révolte de Bar Kohba sépara davantage le christianisme du judaïsme : pendant la révolte, les chrétiens juifs, qui considéraient Jésus comme leur Messie, ne soutenèrent pas Bar Kohba. Selon Eusèbe de Césarée, les chrétiens juifs furent tués et subirent "toutes sortes de persécutions" aux mains des juifs rebelles lorsqu'ils refusèrent d'aider Bar Kokhba contre les troupes romaines.
Les guerres judéo-romaines changèrent le visage du judaïsme et eurent un impact dramatique sur la société juive. Les sadducéens, qui étaient des prêtres centrés autour du Temple disparurent, laissant les pharisiens maintenir une forme rabbinique de judaïsme. Le judaïsme rabbinique, face à la nouvelle réalité de la Judée sans autonomie devint profondément prudent et conservateur, et une religion centrée autour des synagogues. La persécution des Juifs et la pratique du judaïsme rabbinique encouragèrent la dispersion des Juifs dans le monde romain et au-delà (la diaspora juive).
Étant une minorité dans un monde majoritairement chrétien, les Juifs durent endurer des siècles de persécution en Europe. Ce n'est qu'avec le mouvement sioniste à la fin du 19e siècle et avec la fondation de l'État moderne d'Israël en 1948, que les Juifs retrouvèrent leur patrie ancestrale. Néanmoins, après des siècles de persécution, les vieux stéréotypes n'ont pas disparu. Les Juifs du monde entier continuent de pratiquer une forme rabbinique de judaïsme centrée autour des synagogues, se souvenant de la destruction du Second Temple.
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