Prouver sa citoyenneté était en fait quelque chose d'assez important dans la Rome antique. Le fait d'être citoyen ou non déterminait les droits d'une personne et cela pouvait même signifier le droit d'être libre. L'esclavage est aujourd'hui considéré comme immoral mais dans le monde antique, l'esclavage était la norme plutôt que l'exception. Au début du 1er siècle après JC, seulement cinq millions sur les plus de cinquante millions d'habitants de l'Empire romain étaient des pleins citoyens romains libres 1.
(20–30 apr. JC) CC BY-SA 3.0 |
Cives romani: Les cives romani étaient des citoyens romains à part entière. Ils étaient subdivisés en deux catégories: les non optimo iure avaient des droits de propriété et de mariage tandis que les optimo iure avait également le droit de voter et de participer à la politique.
Latins: Les Latins étaient une tribu de Latium au centre de l'Italie qui tombèrent sous le contrôle des Romains à la fin de la Guerre Latine (340-338 av. JC) et le terme Latini finit par inclure aussi des personnes d'origine non-latine. Les Latins détenaient un certain nombre de droits similaires aux droits des citoyens romains (les Droits Latins ou ius Latii en latin) mais ils n'avaient pas le droit de se marier (ius connubii).
Socii:Les Socii ou Foederati étaient des citoyens d'États qui avaient avaient certains droits en échange de niveaux convenus de service militaire.
Après la Guerre Sociale (91-88 av. JC), la Lex Julia fut adoptée en 90 av. JC donnant la pleine citoyenneté romaine à tous Latini et socii de la péninsule italienne (et à tous les États socii qui n'avaient pas participé à la Guerre Sociale).
Provinciales et affranchis: Les provinciales étaient des gens de province qui étaient sous contrôle ou influence romaine, mais qui n'avaient que des droits fondamentaux selon le droit international (ius gentium). Les affranchis étaient d'anciens esclaves qui avaient acquis leur liberté mais qui n'avaient pas automatiquement la citoyenneté romaine. Leurs enfants par contre étaient des citoyens libres dès leur naissance.
En cas de doute sur la citoyenneté ou la réputation d'une personne, n'importe qui pouvait se renseigner auprès de son entourage, ce qui est logique si l'on tient en compte le fait que la société romaine était une société ou peu de gens savaient lire et écrire. Dans une petite ville, le bouche à oreille était souvent le seul moyen de prouver la citoyenneté d'une personne.
Le language et les vêtements jouaient également un rôle important. Un individu qui parlait bien le latin, qui se comportait et s'habillait d'une certaine manière, affichait son identité romaine. Seuls les Romains pouvaient porter la toge et il était strictement interdit aux non-citoyens, aux étrangers, aux affranchis et aux esclaves de la porter sur les territoires romains. Les hommes de carrière infâme (par exemple les acteurs) ou de réputation honteuse n'avaient également pas le droit de porter la toge.
Gaius | Julius | Caesar |
praenomen | nomen | cognomen |
Marcus | Licinius | Crassus |
praenomen | nomen | cognomen |
Publius | Cornelius | Scipio | Africanus |
praenomen | nomen | cognomen | agnomen |
En 24 après JC, l'usage de trois noms (tria nomina) devint une infraction criminelle si une personne n'avait pas la citoyenneté romaine et l'usage du tria nomina par les non-citoyens était considéré comme un type de falsification. Les provinciaux utilisaient habituellement un ou deux noms (leur nom et le nom de leurs pères) et il était très courant pour les gens des provinces d'avoir qu'un seul nom. Les esclaves n'avaient généralement qu'un nom, soit leur nom avant de devenir esclaves, soit le nom qui leur avait été assigné par leur maître. Après avoir reçu sa liberté et sa citoyenneté romaine, un esclave mâle adoptait le praenomen et nomen de son maître et gardait comme cognomen son nom d'esclave ou le changeait pour un nom latin (ou un nom qui sonnait latin) 1.
Les tribus maintenaient des listes de tous leurs membres. Les censeurs appelaient chaque tribu séparément et prenaient les noms des membres de chaque tribu selon ces listes tribales. Le paterfamilias devait ensuite comparaître en personne devant les censeurs qui étaient assis sur des chaises curules et devaient déclarer sous serment («déclarer du fond du cœur») les noms des membres de sa famille et de tous ses biens (par exemple, emplacement et description du terrain, nombre d'esclaves, etc). Ces listes officielles formaient les Tabulae Censoriae qui étaient déposées dans l'aérarium, dans le temple de Saturne, (autrefois dans l'Atrium Libertatis et plus tard fois dans le temple des Nymphes).
Si la citoyenneté romaine d'une personne était en doute ou si une preuve de citoyenneté était nécessaire pour une transaction, une recherche pouvait facilement être effectuée pour vérifier le nom sur la liste du dernier recensement. Les témoins, habituellement des membres de la tribu, devaient également confirmer la citoyenneté de la personne en question, gardant toujours à l'esprit que les photos n'étaient pas disponibles à l'époque! De temps en temps, un affranchi (libertus) ou même un étranger se faisant passer pour un citoyen portant la toge était déniché lors du recensement. La peine pour fausse revendication de citoyenneté était très sévère. Selon Suétone, la punition était la décapitation par hache. Les Romains prenaient la citoyenneté très au sérieux!
Suite à la déclaration de naissance, le citoyen recevait un diptyque en bois avec des surfaces cirées à l'intérieur qui agissait à la fois comme un certificat de naissance et un certificat de citoyenneté pour l'enfant. Le diptyque en bois était d'environ 18cm de haut et de 15cm de large, et les surfaces cirées indiquaient la date de naissance, le nom de sept témoins et l'abréviation q. p. f. c. r. e. ad k. (les lettres c.r.e signifiaient cieum romanam/num exscripsi/t) indiquant la possession de la citoyenneté romaine. Le diptyque pouvait être utilisé à vie pour prouver la citoyenneté et était écrit seulement en latin jusqu'à l'époque de l'empereur Severus (222-235 apr. JC) 2.
Si un enfant vivait dans les provinces, son père ou un agent dûment nommé, faisait une déclaration (professio) devant le gouverneur de la province à l'état-civil (tabularium publicum). Au cours de son professio le père ou l'agent déclarait que l'enfant était citoyen romain. Le professio était inscrit dans le registre des déclarations (album professionum) 3. Le père ou l'agent recevait alors un diptyque en bois qui était la copie privée certifiée du professio et qui contenait les noms de sept témoins.
un soldat romain CC BY-SA 3.0 |
Un esclave libéré prenait le praenomen et nomen de son maître et gardait son cognomen c'est-à-dire son nom d'esclave sauf s'il decidait de le changer en un nom de résonance plus latine 1. L'affranchissement des affranchis était enregistré dans un document du nom de tabella manumissionis 4. Par conséquent, les affranchis avaient également des preuves documentaires de leur statut.
Pour prouver leur citoyenneté romaine à l'étranger, les Romains pouvaient présenter un document prouvant leur citoyenneté ou leur acte de naissance, ces deux documents étant sous la forme de diptyque mentionné précédemment, le diptyque étant assez petit pour être porté par les citoyens quand ils étaient en dehors de la ville 1. S'il y avait des doutes concernant la personne qui prétendait être de citoyenneté romaine ou sur le document lui-même, les témoins pouvaient être convoqués 5.
Cependant, il n'était pas toujours facile de trouver des témoins très loin dans les provinces. Par exemple, en 70 av. JC, Verres, le gouverneur corrompu de Sicile, remit en question la citoyenneté de Gavius. Gavius, un citoyen romain de Compsa, avait protesté au sujet du traitement des citoyens romains en Sicile. Selon Cicéron, Gavius s'était exclamé qu'il était citoyen romain et qu'il avait servi dans l'armée romaine sous le chevalier romain Lucius Raecius qui était alors à Panhormus (aujourd'hui Palerme). Gavius fut toutefois crucifié (un type d'exécution interdite aux citoyens romains) 6.
Verres dut finalement faire face aux conséquences de ses actions et fut jugé. Cela nous montre que ce qui importait le plus dans le monde romain était le réseau social d'un citoyen plutôt que son statut légal. Le réseau social d'un citoyen pouvait imposer des conséquences et les gouverneurs de province / les autorités étrangères devaient se méfier des conséquences avant de malmener un citoyen, en particulier un citoyen romain appartenant à la classe supérieure. Plus que la preuve documentaire, les liens du citoyen importaient le plus. p>
Qu'arrivait-il à un esclave en fuite dans la Rome antique? Un esclave fugitif devait courir ... assez vite loin de sa ville et de son maître. Dès qu'un esclave prenait la fuite, des annonces promettant des récompenses contenant une description précise de l'esclave étaient affichées dans des lieux publics. Des chasseurs d'esclaves professionnels étaient embauchés et toute personne hébergeant un esclave était punie.
De plus, l'esclave devait trouver de la nourriture et un abri et ... du travail. S'il était capable d'atteindre une nouvelle ville ou même une ville comme Rome, les gens pouvaient un jour remettre en question son identité, au moins tous les cinq ans lors du recensement. L'esclave devait alors fournir des preuves documentaires de son statut. La plupart des esclaves ne pouvaient pas lire et écrire pour truquer un document officiel et si l'esclave se faisait attraper (et s'il n'était pas exécuté), il se faisait marquer sur le front les lettres "FUG" pour fugitivus. Cependant, certains esclaves arrivaient à s'échapper dans les provinces lointaines mais les périls le long du trajet étaient énormes!
Faits incroyables sur la citoyenneté romaine
|
Retour deCitoyenneté romaine to Page d'accueil